Kawtar Hafidi, une marocaine d’exception en physique nucléaire

Kawtar Hafidi, une marocaine d’exception en physique nucléaire

Une marocaine au parcours atypique, voilà ce qu'est Kawtar Hafidi. La physique nucléaire est pour elle un jeu... d'enfant.

Agée aujourd’hui de 44 ans, Kawtar Hafidi est une chercheuse marocaine aux grandes ambitions. Elle commande un des plus prestigieux laboratoires de recherche aux Etats-Unis en matière de développement de la physique nucléaire. Et elle accumule plus de 17 ans d’expérience en Europe et aux Etats-Unis. La scientifique marocaine est non seulement la première femme africaine, mais également la première femme à prendre les rênes de la division stratégique d’Argonne. « Ma nouvelle expérience peut être perçue comme un exploit pour la femme en général et, par la même, un hommage à la femme marocaine qui ne cesse de démontrer ses talents et sa polyvalence », se réjouit-elle dans une déclaration à la MAP. 

Elle n’oublie pas d’adresser un message tout à la fois aux femmes et aux jeunes : “croire au succès. Il suffit de travailler dur et de ne pas céder face aux obstacles et aux challenges”. Sa devise: “rechercher l’excellence dans toutes mes actions et servir d’inspiration pour les jeunes générations”. Enfant, Kawtar raconte qu’elle « était été toujours fascinée par l’univers et par la question de savoir de quoi l’univers est-il constitué. La réponse, c’est qu’il est formé de particules qui sont les quarks et les gluons, lesquels constituent les protons et neutrons qui à leur tour constituent les noyaux et atomes ». C’est la raison pour laquelle elle choisit son domaine de prédilection : la physique nucléaire. Sans pour autant se soucier du fait notable que la filière physique n’offre pas des opportunités au Maroc.

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Concernant les études dans le domaine de la physique, elle témoigne : « L’étude de la physique est évidemment difficile, mais l’on peut réussir si l’on se consacre entièrement aux études et à la recherche scientifique ». Dans ce sens, elle souligne le rôle ô combien encourageant de sa famille qui a consenti d’importants « sacrifices ». Sa licence obtenue au Maroc, la jeune étudiante de 22 ans se rend alors en France en 1995. A l’époque, les études doctorales notamment étaient suspendues au Maroc. Après une maîtrise et un DEA, elle se lance dans un doctorat dans le domaine de l’énergie atomique, qu’elle décroche à l’Université Paris-Sud (Paris XI) en 1999. Mais Kawtar, fidèle à elle-même, voit grand. Elle décide donc la même année d’aller aux Etats-Unis, là où les opportunités dans les domaines scientifiques sont plus nombreuses. La physicienne marocaine intègre alors le laboratoire américain pour la recherche et le développement qui se situe au sein du Laboratoire national d’Argonne dans l’Illinois. Trois ans plus tard, elle y occupe le poste de physicienne adjointe, avant de se voir promue en 2006 au grade de physicienne à part entière. De plus, elle a servi en détachement auprès du département d’Energie à Germantown, dans l’Etat du Maryland en 2013 et 2014, avant de revenir au laboratoire Argonne cette fois en tant que chef scientifique adjointe durant les années 2015-2016.

Katar Hafidi a démontré ses aptitudes à forger de solides relations au sein de la communauté scientifique américaine. Elle a, en outre, réussi à établir des processus transparents sur les priorités scientifiques les plus importantes de l’Argonne, comme en témoigne Harry Weerts, co-directeur du laboratoire Argonne. « Kawtar est une chercheuse accomplie avec une grande passion pour la science. Elle apporte à ce rôle une vision forte pour l’avenir ». Et elle récolte d’ores et déjà les fruits de son travail et de son dévouement. Elle vient, en effet, d’être nommée fin janvier directrice de la Division de la physique, devenant la première femme de l’histoire de l’institution à occuper ce poste. Maman d’un garçon de 11 ans, Kawtar Hafidi compte sur son CV plus de 140 publications scientifiques. Elle a également pris part à plus de 40 congrès et conférences internationales dans des universités et des laboratoires (voir son CV) de par le monde. Sa contribution à la communauté de la physique lui a valu de nombreux prix et distinctions. Enfin, Kawtar ne cache pas son attachement à ses racines marocaines ainsi que son désir de mettre à la disposition du Maroc sa riche expérience là où le besoin se fait sentir dans son domaine de spécialité : « C’est un devoir que je ferai avec plaisir », conclut-elle.