Formation continue : Quelle valeur ajoutée ?

Formation continue : Quelle valeur ajoutée ?

Formation continue : Quelle valeur ajoutée ?

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Il convient d’abord de distinguer entre formations diplomates et certifiantes. Les premières délivrent un diplôme d’établissement qui peut être accrédité ou même reconnu par l’état. La durée s’étale généralement sur une année, voire 18 mois pour un MBA. Quant aux formations certifiantes, elles donnent lieu à un certificat de qualification et elles sont généralement de courte ou moyenne durée (de 1 jour à 3 semaines). Dans tous les cas, pour qu’une formation soit réussie et qu’elle ait une réelle valeur ajoutée qu’elle soit intégrée à une vision stratégique globale et qu’elle réponde à un véritable besoin en compétences, c’est alors que le retour sur investissement est intéressant, tant pour l’employeur que pour l’employé. Maintenant, à la question « Quand reprendre une formation ? », il n’y a pas vraiment de réponse précise car cela ne dépend pas tant de l’âge que de la motivation et de la capacité à se remettre en question. De plus, avec les innovations technologiques incessantes et l’apparition de nouveaux métiers, il deviendra dans le futur de plus en plus indispensable de se former tout au long de sa carrière professionnelle.
Au Maroc, le marché global de la formation continue émerge timidement, pourtant sa valeur ajoutée au niveau de l’employabilité et du retour sur investissement existe bel et bien. Evolution de carrière, double compétence, reconversion professionnelle, augmentation de salaire, les atouts sont nombreux mais souvent mal compris. Du côté des employeurs, la méfiance règne. « Qui me dit qu’une fois que j’aurai envoyé mon salarié en formation diplômante, il ne cherchera pas finalement à changer d’entreprise ? » nous confiait un cadre dirigeant. Du côté des employés, là aussi la concertation n’est pas de mise. Seule une minorité d’entre eux sont financés, en partie, par leur entreprise lorsqu’ils choisissent une formation continue diplômante. Mais la majorité choisit de s’auto- financer sans même en parler à leur employeur... Il y a donc certainement un problème de culture d’entreprise à ce niveau-là. Juridiquement, des lacunes existent aussi. Lorsque l’on interroge les responsables de programmes de divers établissements, ils vous répondent que très peu de leurs inscrits bénéficient des fameux Contrats Spéciaux de Formation (CSF) : les délais de remboursement trop long et des plafonnements trop restrictifs n’incitent pas vraiment les entreprises à franchir le pas. Pourtant, de plus en plus d’établissements mettent en place des programmes dédiés à la formation continue et en compatibilité avec une activité professionnelle, la plupart des formations se déroulant le soir et le week-end. A titre d’exemple, l’ESCA a mis en place, parallèlement à son Executive MBA, des DES (Diplômes d’Etudes Spéciales), qui sont des formations professionnalisantes destinées aux cadres dirigeants. La toute nouvelle Centrale Supélec a quant à elle mis en place un programme Executive Education conçu pour permettre la poursuite d’une activité professionnelle. En plus de la formation diplômante qui concerne le Mastère Spécialisé (Bac+6) proposé en part-time et d’une durée moyenne de 12 à 18 mois, l’établissement propose également des programmes certifiants de courte et moyenne durée (de 1 à 25 jours) et qui aboutissent à la délivrance d’un Executive certificate. Les Universités privées ne sont pas en reste : c’est ainsi que l’Université Internationale de Rabat a créé un programme de certificats ; il s’agit de cursus de formation qui peuvent se dérouler en formule intra-entreprise et qui concernent des domaines aussi variés que la finance islamique ou la gestion des ressources humaines. Idem pour sa consœur de Casablanca, avec des formules de Mastères professionnels incluant des programmes de formation et d’encadrement spécialement conçus pour les cadres en activité qui désirent approfondir et actualiser leur formation dans un domaine spécifique de la gestion ou de la finance sans quitter leur travail. Certains cabinets d’audit et de conseil peuvent aussi proposer aussi des formules intéressantes ; à titre d’exemple, parmi les nouveautés de cette rentrée 2015- 2016, le cabinet Fidaroc Grant Thornton lance en collaboration avec l’université Paris-Dauphine un Executive Master en Finance Islamique, à raison de quatre journées par mois, étalées sur une année.
Les établissements publics rivalisent aussi de formules originales en matière de formation continue. C’est ainsi que l’Ecole Hassania des Travaux Publics (EHTP) propose des Diplômes Supérieurs très ciblés, notamment sur le Risk Management, et destinés à un public professionnel et spécialisé. L’on pourrait également citer l’Ecole Supérieure des Industries du Textile et de l’Habillement (ESITH), avec des Masters spécialisés (hygiène, environnement, sécurité) ou encore l’ISCAE qui propose toute une gamme de formations certifiantes intensives ouvertes sur le monde professionnel. D’autres écoles publiques comme les ENCG ou les ENSA proposent aussi désormais toute une panoplie de Diplômes Universitaires (DU) regroupant des Masters, Masters Spécialisés ou professionnels et qui couvrent un large choix de filières, qui va de la Logistique & Transport à des domaines encore nouveaux au Maroc comme le management de l’Innovation et l’Intelligence économique. Quant aux universités, la plupart d’entre d’elles disposent désormais d’un service de formation continue. Il faut signaler que toutes ces formations étant payantes, cela constitue une manne financière non négligeable pour ces établissements, conformément aux dispositions de la loi 01-00 instaurant l’autonomie des universités, sans compter que cela leur permet également de diversifier leur offre. Concernant, l’évaluation qualitative de ces diplômes, c’est la toute nouvelle Agence Nationale d’Evaluation de l’Enseignement Supérieur (ANEES) qui aura la charge d’y procéder, tant pour le secteur public que privé. L’agence est à l’œuvre à partir de cette rentrée universitaire 2015-2016.